Risquant le tout pour le tout, allure débonnaire mais concernée, ce diable de Sullivan Fortner n’hésita pas à « oscariser » son jeu avec de subtiles références au maître célébré par ce concert-hommage. C’était risqué, mais il en avait les moyens par ses traits hyper-virtuoses (notamment ces runs à l’octave et une manière de jouer le blues typiques du géant canadien). Et son esprit espiègle lui a permis d’instiller dans chaque morceau quelques trouvailles mélodico-rythmiques. Visiblement conquis, John Clayton et Jeff Hamilton semblèrent retrouver l’exaltation de l’époque où ils furent les accompagnateurs d’Oscar Peterson. Un hommage placé sous le signe d’un swing contagieux, sans la moindre odeur de naphtaline.
- Sullivan Fortner (piano) John Clayton (contrebasse) Jeff Hamilton (batterie)
Après une introduction solitaire pour le moins expérimentale au synthétiseur, l’ancien partenaire de Miles Davis rendit hommage à la plume de son ami au long cours Wayne Shorter avec une interprétation ondoyante de Footprints, sur un arrangement de Terence Blanchard, trompette avec effets. On retrouva immédiatement le soliste prodigue d’inventions au piano, poussant chaque mesure vers un pic d’émotion. Puis les compositions défilèrent, reprenant son répertoire des années 70, « fusion et funky » par excellence, mais revu et corrigé de façon inouïe par ses partenaires. Aujourd’hui largement octogénaire, Herbie Hancock pique chaque interprétation d’un sérum de jeunesse, mélangeant les sons acoustiques et électriques, adoubant le siècle sans renier le passé : voilà l’explication de sa longévité.
- Herbie Hancock (piano, claviers) Terence Blanchard (trompette) James Genus (contrebasse, basse) Lionel Loueke (guitare, voix) Jaylen Petinaud (batterie)
- herbiehancock.com