2024
18 Juillet > 04 Août

Archives

2009

Salle des Fêtes
CHUCK LOEB
CHUCK LOEB
Session d'hiver

Il était là l’été dernier, sur la scène du chapiteau : le guitariste lumineux, pointu et inspiré du groupe «Metro Express». Le public en redemandait, vœux exaucé : Chuck Loeb se produit à nouveau à Marciac, avec une formule différente, dans l’ambiance intimiste des sessions d’hiver. Chuck Loeb sait s’entourer de musiciens de haut vol pour interpréter sa musique. Ainsi, avec son trio composé de Dieter Ilg à la basse et de Wolfgang Haffner à la batterie, le guitariste accueillet’il un invité prestigieux : le saxophoniste ténor Tony Lakatos.

Ce concert est surtout axé sur le jazz «crossover». Chuck Loeb établit, comme avec «Metro Express», des ponts entre des styles musicaux forts éloignés les uns des autres : «Mean Old Man» de James Taylor, «Blackbird» des Beatles, «Early Turns To Late» de sa fille Lizzy Loeb, chanteuse de pop acoustique. Directement dans la lignée de Wes Montgomery, Pat Martino et Jim Hall qu’il reconnaît comme maîtres, Loeb est tout de même un technicien aguerri à tous les styles de guitares, propagateur discret d’une fusion dispensant des frissons parfois exotiques : «Window Of The Soul Edit». C’est un guitariste qui allie un toucher extraordinaire et une grande maîtrise sonore comparables à Wes Montgomery. Même s’il se distingue par un son très clair (Let’s Go), il sait aussi utiliser (avec parcimonie) les effets de sa pédale sur les morceaux lents, notamment la reverb et le delay comme sur «Silent Way» de Wolfgang Haffner. Magnifique.

Chuck Loeb a construit sa notoriété à l’ombre des plus grands : Stan Getz, Michael Brecker, Ray Barretto, Chico Hamilton et surtout Jim Hall à qui il rend hommage lors de ce second set (The Great Hall). Sur ce titre, le guitariste construit des phrases d’une fraîcheur et d’une spontanéité admirables. Tandis que sur «Let’s Play», il se rapproche de Pat Martino par une science des accords extraordinaire ! Et sur «Let’s Go», il démontre sa technique de legato vertigineuse qui peut faire penser à celle de Pat Metheny. La guitare de Chuck Loeb a de multiples visages. Comme un caméléon, elle change de couleur là où elle pose le pied. C’est une guitare qui a presque tout vu, tout entendu et tout joué. Certes, c’est le propre des musiciens adeptes du «crossover» mais Chuck Loeb possède ce quelque chose en plus : un vécu, une expérience qui lui est propre, ce «feeling» que l’on ne peut pas définir et qui fait la différence.

Nous étions focalisés sur la performance du guitariste. Pourtant, il serait injuste de ne pas souligner que la formation a joué de façon homogène : un impeccable Dieter Ilg à la contrebasse sans oublier l’excellent travail de Wolfgang Haffner à la batterie. Les deux hommes ont pu faire apprécier leurs qualités d’accompagnateurs en permettant à Chuck Loeb de développer ses activités de leader. Quant à Tony Lakatos, il aura été pour beaucoup d’entre nous, la bonne surprise du concert (ou du moins pour ceux qui ne le connaissaient pas). Le saxophoniste hongrois aura su tirer son épingle du jeu sur quelques belles montées en puissance lors de solos directement inspirés de Sonny Rollins ou de John Coltrane. A suivre…

Frédéric Gendre
Photo © Michel Laborde